Equipe organisatrice scientifique : Emilie Jardé, Laurent Jeanneau, Marie-France Dignac, Claire Dumas, Ophélie Fovet, Anne Jaffrezic, Ramiro March, Cécile Monard, Thierry Morvan, Anne-Catherine Pierson-Wickmann, Anne Tremier.

Equipe organisatrice administrative : Laura Cartron (DR17), Françoise Cozannet (DR17), Stéphanie De Verbigier (UMR6118), Géraldine Gourmil (UMR6118), Alain-Hervé Le Gall (OSUR), Chantal Perot-Busnel (UMR6118).

Structure porteuse : UMR 6118 Géosciences Rennes, Délégation régionale CNRS Bretagne/Pays de la Loire (DR17).

Le 4ème congrès du Réseau Matière Organique (ResMO) a rassemblé 106 participants, dont 26 doctorants ou post-doctorants et 80 permanents. 69 résumés ont été soumis.

Lien vers le site du séminaire: https://resmo2018.sciencesconf.org

Plaquette du séminaire

Programme

Livret de résumés 

Le séminaire a duré deux jours et demi, du lundi 4 février au mercredi 7 février midi (voir le programme du séminaire).

Six thèmes scientifiques ont été proposés par le comité scientifique :

1. La MO comme polluant et vecteur de polluants – Anthropisation du cycle du C; cycles des micropolluants métalliques et organiques.

Conférence introductive: Les micropolluants et la matière organique : quelles questions et quels enjeux ? Laurence Denaix, Marie-Hélène Devier, Edith Parlanti, Hélène Budzinski.

2. La MO comme fossile archéologique et paléontologique – Interaction Homme-milieux; paléoenvironnements; processus de formation des signatures chimiques.

Conférence introductive: La MO comme fossile archéologique : interpréter les signatures chimiques pour comprendre l’homme et l’environnement. Alexandre Lucquin.

3. La MO comme moteur de la biodiversité – Resource nutritive; Interactions biotiques; communication moléculaire.

Conférence introductive: Soil organic matter and biodiversity. Stephan Hattenschwiller, Grégoire Freschet.

4. La valorisation de la MO – Bio-raffinerie; traitement des résidus organiques par des procédés biologiques; processus de transformation.

Conférence introductive: Bioraffineries environnementales : nouvelles technologies et nouveaux enjeux autour de la valorisation de la matière organique résiduaire. Théodore Bouchez.

5. La MO et le stockage de C dans les sols – Mécanismes de stabilisation physique, chimique; estimation des stocks (en lien avec CarboSMS).

Conférence introductive: Mécanismes de contrôle des stocks de carbone dans les sols : quelles questions de rechercher pour le « 4 pour 1000 » ? Isabelle Basile-Doelsch, Pierre Barré, Delphine Derrien, Marie-France Dignac, Jérôme Baslesdent.

6. La MO au coeur des cycles des éléments – Processus biogéochimiques impliqués dans les cycles des nutriments.

Conférence introductive: Source, production et transfert des matières organiques dissoutes dans les bassins versants – éclairages apportés par 10 années de recherche sur le bassin-versant de Kervidy-Naizin, ORE Aghrys. Gérard Gruau.

Le programme a été complété par deux séances d’ateliers collaboratifs de 2h sur des thèmes transverses avec 4 ateliers en parallèle sur les deux séances. Ces ateliers ont donné lieu à une restitution en plénière par les animateurs. 

Les thèmes des ateliers étaient :

Exploration sensorielle des MO (Marie-France Dignac et Jérémy Jacob) : L’analyse des matières organiques est appuyée par des techniques de plus en plus complexes, ce qui permet d’accéder à des informations quantifiées, parfois localisées à des échelles de plus en plus petites et avec des précisions de plus en plus fines. Et si nous faisions confiance à nos sens ? Quelle pourrait être la plus-value d’une exploration sensorielle de nos objets d’étude ? Quelle en serait la validité, à quel point est-ce objectif ? Cet atelier sera réalisé sous forme de travaux pratiques avec des grilles de lecture sensorielle par groupe puis un rendu final dans lequel les résultats de chaque groupe seront confrontés et l’approche discutée.

Comment prendre en compte la MO dans l’évaluation environnementale (Lynda Aissani et Anne Trémier) : L’analyse du cycle de vie (ACV) est une méthodologie très utilisée pour l’évaluation des impacts environnementaux potentiels d’un produit, d’un service ou d’un procédé, comme par exemple les procédés et filières de valorisation des produits résiduaires organiques avec retour au sol. Pourtant les impacts considérés dans l’ACV (changement climatique, eutrophisation des eaux, épuisement des ressources) ne prennent pas directement en compte les effets de l’apport de matière organique dans les sols. On se contente généralement de quantifier les substances phosphorées, azotées et carbonées en termes d’eutrophisation pour les deux premières et en termes de changement climatique pour les deux dernières. Aussi l’objectif de l’atelier sera-t-il d’échanger nos connaissances pour déterminer quelles interactions/liens existent entre les services et dyservices apportés par la matière organique et les impacts environnementaux classiquement évalués, quels services ou dyservices ne sont au contraire pas traduits dans l’analyse environnementale et quels indicateurs pourraient permettre de les évaluer.

Caractérisation de la MO (Pierre Faure et Laurent Rémusat) : L’étude de la matière organique naturelle ou anthropique dans l’environnement nécessite le développement de nouvelles techniques de caractérisation. Cette matière organique correspond à un continuum moléculaire, de la simple molécule aux biogéopolymères, La grande diversité ainsi exprimée par cette MO (origine, nature, milieux) nécessite une approche pluridisciplinaire qui reste difficile à mener à cause du cloisonnement entre les disciplines et un vocabulaire différent. La MO présente aussi des interactions fortes avec le milieu naturel et la compréhension des phénomènes pilotant la réactivité et les modes de transfert des MO nécessite d’adapter l’échelle d’observation au processus étudié. Cet atelier participatif visera à réfléchir ensemble sur les nouveaux besoins de caractérisation de la matière organique naturelle ou anthropique et sur les méthodes d’analyse émergentes. Nous aborderons les apports et les limitations des nouvelles techniques analytiques de caractérisation de la matière organique (moléculaire, spectroscopique, imagerie, isotopique) et les développements associés (mode d’ionisation, techniques de séparation). Nous réfléchirons sur la complémentarité entre l’instrumentation de terrain et les études en laboratoire utilisant des équipements lourds. La complémentarité de ces approches et la grande différence de résolution des informations obtenues seront discutées.

Atelier 4/1000 (Pierre Barré et Cécile Monard) : L’initiative 4 pour 1000 vise à montrer que l’agriculture, et en particulier les sols agricoles, peuvent jouer un rôle crucial pour la sécurité alimentaire et le changement climatique. Elle s’appuie sur l’estimation qu’une augmentation annuelle de 4 ‰ du stock de carbone organique dans les sols permettrait de stopper l’élévation actuelle des concentrations de CO2 atmosphérique. Cet atelier a pour objectif de discuter de l’augmentation du stock du carbone des sols comme levier majeur de régulation des émissions de gaz à effet de serre vers l’atmosphère.

Modélisation : couplages de modèles et représentation de la MO (Ophélie Fovet et Romain Girault) : Selon les processus étudiés et les échelles de temps associées, la modélisation de la matière organique recouvre une grande diversité d’approches depuis des modèles de procédés (traitement, compostage…), en passant par les modèles de fonctionnement du sol (dynamique de la MOS), ou des modèles biochimiques de rivière, de bassins versants ou de lacs. Différents réservoirs de matières organiques sont conceptualisés dans ces modèles, et sont plus ou moins paramétrables en fonction de variables mesurées de nature diverse (teneur en carbone et en azote, propriétés d’absorbance et de fluorescence, propriétés d’extractibilité et autres caractéristiques biochimiques, dynamiques de minéralisation et de respiration…). Cet atelier a pour objectif de réfléchir aux différences de conceptualisation et de représentation de la matière organique dans les modèles, et aux conséquences pour le couplage de ces approches.

Propriétés spectroscopiques de la MO (Stéphane Mounier et Edith Parlanti) : La spectroscopie UV-Visible est un outil rapide, sensible et pratique pour caractériser la matière organique. Ces dernières années des progrès importants on été faits dans la mesure de fluorescence et plus particulièrement en spectroscopie de fluorescence 3D. La décomposition par l'algorithme CP/PARAFAC est couramment utilisée dans divers environnements et sur différents états de la matière organique. L'atelier cherchera à définir les précautions d'usage, les limites de la méthode et les perspectives de développement de cette technique dans des domaines tels que la fluorescence résolue en temps, la mesure on-field / on-line, la polarisation ou encore les mesures d'interaction de la MO avec son environnement.

Outils pédagogiques sur la MO (Anne Jaffrezic et Laurent Jeanneau) : Les matières organiques sont au coeur d’enjeux sociétaux majeurs. Extraire la connaissance des laboratoires pour la diffuser dans la sphère publique est une nécessité pour une appropriation de ces enjeux par les citoyens. Les Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Enseignement (TICE) sont un levier pour diffuser les connaissances auprès d’une diversité de public. Une grande diversité de support (film, témoignage, cours type Université Virtuelle Environnement et Développement Durable- UVED) existe sur le thème des matières organiques. Les objectifs de cet atelier sont d’analyser les outils existants et d'initier un projet collectif de création d’une ressource pédagogique sur les MO.

Interprétation des signatures chimiques (Arnaud Huguet et Ramiro March) : L’application des techniques isotopiques et moléculaires à l’étude de la matière organique dans les archives naturelles permet de répondre à de nombreuses problématiques scientifiques sur des échelles de temps très larges (époque moderne jusqu’à plusieurs centaines de millions d’années). Cet atelier conduira plus particulièrement à réfléchir à l’utilisation des traceurs organiques pour les reconstitutions archéologiques et paléoenvironnementales. Il s’intéressera aux outils disponibles, et aux dernières avancées analytiques. Il abordera par ailleurs les questions des sources (naturelles vs. anthropiques) et de la préservation de la matière organique dans l’environnement, et des biais liés à l’application et à l’interprétation des marqueurs organiques. Nous discuterons enfin de l’apport de la géochimie organique aux études interdisciplinaires réalisées sur les matériaux récents et anciens.

Le congrès a été l’occasion de proposer deux axes de structuration de la communauté Resmo : (i) la constitution d’un Groupement De Recherche (GDR) et (ii) la création d’une Peer Community In. Le premier point a donné lieu à un échange en plénière en fin de congrès pendant environ 30 minutes, permettant à chacun d’émettre son point de vue sur la création d’un GDR. Aucune décision n’a été arrêtée et la question ainsi que celle autour de la PCI a été soumise aux participants via l’enquête post-congrès.